Sa fille de 7 ans est violée et tuée, elle abat son assassin en plein procès et finit en prison

Retour sur l'histoire de Marianne Bachmeier qui avait tué l'assassin de sa fille au tribunal, il y a plus de 40 ans.

Lorsque l'on assassine brutalement l'un des nôtres, la tentation de se faire justice soi-même est grande, mais la raison doit toujours nous pousser à renoncer et faire confiance aux autorités compétentes pour juger le coupable.

Il n'empêche, qu'importe la décision de justice, les proches des victimes seront toujours tiraillés par cette envie de faire payer, au prix fort, la personne responsable de leur incurable douleur.

Marianne Bachmeier, elle, n'a pas hésité une seule seconde, lorsqu'elle a décidé d'abattre, de sang-froid, le meurtrier de sa fille lors du procès de ce dernier. Cette histoire, qui s'est déroulée au début des années 1980, constitue l'un des plus célèbres cas de vengeance et d'auto-justice de l'époque contemporaine.

Marianne Bachmeier, lors de son procèsCrédit photo : DR

Marianne Bachmeier, la mère vengeresse qui a divisé toute une nation

Pour bien comprendre ce récit, il faut remonter près de 45 ans en arrière. Nous sommes alors le 6 mars 1981. Ce jour-là, dans la ville de Lübeck, au nord de l'Allemagne, se tient le procès d'un certain Klaus Grabowski. Âgé de 35 ans, ce boucher d'origine polonaise est jugé pour l'enlèvement, le meurtre et le viol d'une fillette de 7 ans, prénommée Anna.

Marianne Bachmeier, mère de l'enfant, se trouve également dans le tribunal. Cela fait trois désormais trois jours qu'elle assiste, impuissante, à ce procès. Être assise juste en face de l'assassin de sa fille - qui a avoué le meurtre, mais pas le viol - s'avère trop insupportable à ses yeux. Dévastée, elle se lève alors de son siège, sort de son sac un pistolet, qu'elle avait clandestinement fait passer dans la salle d'audience - puis tire 8 coups de feu en direction de Klaus Grabowski. Mortellement touché par 7 balles dans le dos, ce dernier s'effondre et succombera à ses blessures peu de temps après.

Arrêtée sur le champ, Marianne - que l'on va bientôt surnommer la « mère vengeresse » - est d'abord inculpée pour meurtre avant finalement que l'accusation ne soit requalifiée en homicide involontaire, sous la pression de l'opinion publique. Le 2 mars 1983, la mère de famille est condamnée par le tribunal de Lübeck à 6 ans de prison ferme. Elle n'en purgera que 2 et demi avant finalement d'être libérée en 1985. 

Cette peine, ainsi que l'acte de Marianne Bachmeier ont longtemps fait débat en Allemagne, où l'affaire a été extrêmement médiatisée. Si beaucoup d'Allemands ont affirmé comprendre le geste de la mère de famille, d'autres ont en revanche déclaré que celui-ci ne pouvait être toléré dans un état de droit.

Aujourd'hui encore, l'affaire et son verdict continuent de diviser l'opinion publique allemande. Ainsi, selon un récent sondage publié outre-Rhin par un institut local, environ 28 % des Allemands estiment que la peine était appropriée tandis que 27 % jugent la sentence trop lourde, Enfin, 25 % des personnes sondées considèrent que cette sanction fut trop légère.

Marianne Bachmeier, lors de son procèsCrédit photo : DR

Au-delà des débats sur la légitimité de sa peine, l'affaire Marianne Bachmeier révèle surtout le destin brisé d'une mère de famille, dont la vie n'aura été qu'une succession de drames.

L'existence de Marianne, née en 1950, fut en effet dramatique en tous points. Fille d'un officier alcoolique de la Waffen-SS que sa mère quitte pour un beau-père violent, Marianne subit ainsi plusieurs viols à l'adolescence. Elle tombe enceinte dès l'âge de 16 ans, puis connaît une deuxième grossesse, à 18 ans. Incapables de s'occuper de ces deux premiers bébés, elle les confie à l'adoption. En 1973, elle donne naissance à son troisième enfant, Anna, qu'elle décide, cette fois, de garder.

En 1980, alors qu'elle élève Anna seule, elle songe à la confier à des amis, lorsque la fillette est enlevée par Klaus Grabowski. Déjà condamné par le passé pour abus sexuels sur deux filles, ce dernier aurait alors abusé de la jeune fille avant de la tuer. Ayant toujours nié le viol, il affirmera lors de son procès que la fillette avait essayé de le séduire et qu'il l'avait étranglée par peur de retourner en prison.

Après des années d'exil en Sicile, Marianne meurt à Lübeck en 1996, à l'âge de 46 ans, d'un cancer du pancréas. 


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Au sujet de l'auteur :

Évoluant dans la presse web depuis l’époque où celle-ci n’en était encore qu’à ses balbutiements, Mathieu est un journaliste autodidacte et l’un de nos principaux rédacteurs. Naviguant entre les news généralistes et les contenus plus décalés, sa plume s’efforce d’innover dans la forme sans jamais sacrifier le fond. Au-delà de l’actualité, son travail s’intéresse autant à l’histoire qu’aux questions environnementales et témoigne d’une certaine sensibilité à la cause animale.