Une patiente de 99 ans abandonnée sur un brancard pendant 64 heures aux urgences, sa famille n'en revient pas

Une retraitée, quasi-centenaire, a dû attendre pendant 64 heures avant d'être prise en charge aux urgences. Récit.

C'est un incident qui en dit long sur les difficultés rencontrées par l'hôpital public.

Une patiente, âgée de 99 ans, a dû attendre pendant près de trois jours sur un brancard dans les couloirs d'un hôpital, faute d'effectifs suffisants. Outrée, sa famille, qui n'en veut aucunement au personnel soignant débordé, a décidé de médiatiser l'affaire pour alerter l'opinion.

Des soignants transportent une femme âgée sur un brancardCrédit photo : iStock

Âgée de 99 ans, elle est laissée à l'abandon, pendant 64 h dans les couloirs d'un hôpital

L'incident a eu lieu entre le 17 et le 20 octobre 2025 dans les murs du CHU de Rouen, indiquent nos confrères de Paris-Normandie, qui ont pu joindre Aline Percher, petite-fille de la nonagénaire.

Selon cette dernière, qui a raconté la mésaventure sur Facebook, tout a commencé dans la soirée du vendredi 17, lorsque sa grand-mère est arrivée aux urgences de l'établissement. D'abord installée dans un box, elle reçoit rapidement - vers minuit - un inquiétant diagnostic d’OAP (Œdème aiguë des poumons). Mais alors que sa famille pense qu'elle va être prise en charge immédiatement, rien ne va se passer comme prévu.

« Ma grand-mère vit chez mes parents. Le vendredi soirelle avait du mal à respirer. Mes parents ont donc appelé le Samu vers 20h40 pour qu’elle soit admise aux Urgences. Là, elle a été installée dans un box, une sorte de petite pièce prévue pour accueillir deux brancards séparés par un rideau et dont les murs sont équipés de prise à oxygène, d’aspirateur, il y a un petit lavabo mais pas de toilettes ». Un box où elle va rester jusqu’au lundi après-midi. Pourtant«vers minuit, le diagnostic d’OAP (Œdème aiguë des poumons, de l’eau dans ou autour des poumons, NDLR]était posé. Elle devait être transférée au service gériatrie, mais il fallait qu’un lit se libère » (Aline Percher)

La patiente va en effet attendre jusqu'au... lundi suivant vers 14h30 pour enfin avoir un lit « dans un service de gériatrie ». La nonagénaire aura donc attendu pendant 64 heures.

Choquée par cette longue attente, sa famille a décidé de témoigner, tout en saluant le travail des soignants, bien consciente que les hôpitaux souffrent d'un manque d'effectifs criant.

« Les aides soignantes, et même une cadre, sont passées nous voir ; elles étaient désolées de ne pas pouvoir faire plus. On les a vues plusieurs jours d’affilée. Elles faisaient leur journée, et quand elles revenaient le lendemain, elles constataient que ma grand-mère était toujours là », raconte ainsi Aline Percher.

« C'est un coup de gueule qui ne changera sûrement rien, mais j’aurai, à mon niveau, fait un petit quelque chose », ajoute la jeune femme. Et de conclure en remerciant le personnel soignant.

Entrée du CHU de Rouen (Seine-Maritime)Crédit photo : DR

Contactée par le quotidien Ouest France, la direction du CHU de Rouen a justifié cette attente en expliquant, que « le service des urgences adultes a dû faire face à une activité très intense, avec plus de 250 passages par jour, en pleine poussée épidémique saisonnière », durant le week-end du 17 octobre.

« Dans le même temps, la tension sur les lits disponibles au CHU de Rouen et dans les établissements du territoire était particulièrement forte ». Ces circonstances ont « généré une attente anormalement prolongée […] pour les patients nécessitant une hospitalisation en aval de leur passage », a par ailleurs précisé l'établissement.


author-avatar

Au sujet de l'auteur :

Évoluant dans la presse web depuis l’époque où celle-ci n’en était encore qu’à ses balbutiements, Mathieu est un journaliste autodidacte et l’un de nos principaux rédacteurs. Naviguant entre les news généralistes et les contenus plus décalés, sa plume s’efforce d’innover dans la forme sans jamais sacrifier le fond. Au-delà de l’actualité, son travail s’intéresse autant à l’histoire qu’aux questions environnementales et témoigne d’une certaine sensibilité à la cause animale.