« Beaucoup de coïncidences » : 5 cas de maladie de Charcot recensés dans la même rue, en Picardie

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Focus sur un étrange cluster de maladie de Charcot, observé dans une seule et même rue d'un village picard.

C'est une coïncidence qui interpelle !

Cinq cas de maladie de Charcot ont été recensés dans la même rue d'un village des Hauts-de-France, en l'espace de quelques années. Cette situation pour le moins inédite, qui inquiète les habitants, n'a pour l'instant pas d'explications et alimente bon nombre de spéculations.

Cinq cas de maladie de Charcot recensés dans une même rue, près d'Amiens

C'est dans la petite commune de Saint-Vaast-en-Chaussée (Somme), où vivent à peine 500 âmes, que ces cas ont été répertoriés, rapportent ainsi nos confrères de BFM TV. Pour bien comprendre, il faut remonter quelques années en arrière.

En 2009, ce village jusqu'alors sans histoire, situé à une quinzaine de kilomètres d'Amiens, connaît en effet un premier drame lié à cette pathologie dégénérative - également appelée Sclérose latérale amyotrophique (SLA) - lorsqu’un fabricant local de pneumatique décède de la maladie de Charcot à l'âge de 67 ans, quelques mois seulement après le diagnostic.

Peu de temps après son décès, un deuxième cas est diagnostiqué dans la rue où le défunt habitait. Une curieuse coïncidence qui devient troublante lorsque trois autres malades habitant le voisinage sont recensés, en seulement 12 ans.

« Mon mari a été le premier de la rue à tomber malade (...) Le deuxième malade, on s'est dit que c'était une coïncidence. Mais au bout de plusieurs cas, on a commencé à se dire que ça faisait beaucoup de coïncidences », se souvient l'épouse de la première personne décédée, au micro de BFM TV.

Image d'illustration. Crédit photo : iStock

Face à cette multiplication des cas, le maire du village Marc Vignolle, inquiet pour ses administrés, a contacté l'Agence régionale de santé (ARS) des Hauts-de-France qui, après une « étude du signalement » a confirmé « un nombre élevé de cas de SLA dans cette commune ».

Dans la foulée, la saisine de Santé publique France - chargée de la protection de la population à travers l'évaluation des risques sanitaires - a entraîné l'ouverture d'une enquête.

Contactée par BFM TV, l'agence précise que sa mission d'investigation, suite au « signalement de cluster » est de vérifier « s'il existe effectivement un excès statistique de maladies dans la population observée ». Et « si cet excès existe », l'agence doit donc « déterminer s'il existe une ou plusieurs causes locales à ce regroupement de cas, autres que le hasard ». À l'heure où nous écrivons ces quelques lignes, les investigations sont toujours en cours.

« Les habitants sont au courant, les nouveaux habitants me posent des questions, je n'en sais pas plus », a commenté Marc Vignolle, dans les colonnes du Courrier Picard.

Mairie de Saint-Vaast-en-Chaussée (Somme). Crédit photo : Wikimedia Commons.

Ce flou entretient le doute et dans le village, les spéculations vont bon train. Certains se demandent si ces cas ne sont pas dus à des produits phytosanitaires, ou encore à une pollution de l'air ou des sols. Des inquiétudes légitimes.

Joint par BFM, François Pradat, neurologue à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière (APHP), se montre toutefois rassurant. S'il reconnaît que la situation à Saint-Vaast-en-Chaussée s'avère « inhabituelle », il assure néanmoins qu'elle est « statistiquement possible ».

« La SLA est une maladie rare mais pas exceptionnelle (...) J'ai trois patients qui souffrent de la SLA qui font partie du même club de vélo (...) J'ai aussi des couples dont les deux membres développent une SLA. Ce n'est pas pour autant qu'il faut y voir un lien », affirme ainsi le spécialiste.

Et de conclure : « Si j'avais cinq personnes souffrant de SLA habitant ma rue, je ne paniquerais pas ».

En attendant d'éventuelles conclusions de l'ARS, c'est l'incertitude qui règne au sein de la population locale.

« On ne nous dit rien, on n'a aucune explication, on n'a été contacté par personne, on a l'impression qu'aucune recherche n'est faite », déplore ainsi la fille de l'une des victimes, décédée en 2022 à l'âge de 70 ans.

Le mystère demeure.


Au sujet de l'auteur : Mathieu D'Hondt

Évoluant dans la presse web depuis l’époque où celle-ci n’en était encore qu’à ses balbutiements, Mathieu est un journaliste autodidacte et l’un de nos principaux rédacteurs. Naviguant entre les news généralistes et les contenus plus décalés, sa plume s’efforce d’innover dans la forme sans jamais sacrifier le fond. Au-delà de l’actualité, son travail s’intéresse autant à l’histoire qu’aux questions environnementales et témoigne d’une certaine sensibilité à la cause animale.