Au Botswana, les permis de chasse à l'éléphant sont vendus aux enchères

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Le président du Botswana a rétabli la chasse aux éléphants il y a quelques mois et les tout premiers permis de chasse ont été distribués la semaine dernière. Désormais il est autorisé de tuer des éléphants dans ce pays qui abrite la plus importante population d'éléphants au monde, soit environ 135 000 éléphants en liberté. Chaque année, près de 400 pachydermes pourraient être tués avec cette nouvelle mesure.

Cinq ans après son prédécesseur, Lan Khama, qui avait interdit cette pratique, l’actuel président botswanais, Mokgweetsi Masisi, a rétabli l’autorisation de chasser les éléphants. La semaine dernière, les tout premiers permis de chasse ont été distribués à des chasseurs lors d’une vente aux enchères. Les vives polémiques suscitées par le rétablissement de la chasse aux éléphants au Botswana n’ont pas empêché le président Mokgweetsi d’aller au bout de sa logique.

Crédit photo:Shutterstock/Pyty/ Un troupeau d'éléphants africains dans un trou d'eau au Parc national de Chobe, région d'Okavango au Botsawana

La vente, confiée à la société locale Auction It, s’est tenue pendant une heure dans les locaux du ministère de l’Environnement à Gaborone. Elle portait sur sept lots de dix éléphants chacun, a indiqué à l’AFP une responsable gouvernementale de la faune, Alice Mmolawa, qui s’est refusée à toute précision sur le nombre de permis vendus, leur prix, ou les vainqueurs des enchères. Mais selon des sources du milieu des enchères et repris par RFI, c’est au total six permis de chasse qui sont vendus entre 330 000 à 430 000 dollars l’unité.

La mise aux enchères des permis de chasse est ouverte aux entreprises enregistrées dans le pays et ayant une expérience attestée de la chasse selon l’annonce officielle de la mise aux enchères. Alice Mmolawa, dans un message à l'AFP jeudi dernier, précise qu’il s’agit d’ « entreprises soit détenues par des citoyens botswanais soit enregistrées au Botswana ». Toutefois, cette autorisation de chasse aux pachydermes interdit de s’attaquer aux éléphants porteurs d’un collier destiné à suivre leurs mouvements, et donc protégés.

Crédit photo: Shutterstock/Radek Borovka/ Éléphants dans le parc national du Moremi - Botswana

Avec cet acte du gouvernement botswanais, jusqu'à 400 éléphants pourront être tués chaque année en vertu de permis délivrés par les autorités. Le président botswanais défend l’idée selon laquelle le développement incontrôlé des populations de pachydermes menace les moyens de subsistance du pays comme les récoltes des populations locales. La saison de chasse autorisée des éléphants devrait s’ouvrir en avril prochain.

Les défenseurs de l'environnement s'indignent

De nombreuses ONG de protection de l’environnement ont dénoncé cette nouvelle pratique au Botswana. Audrey Delsink, directrice de la faune en Afrique pour l'organisation caritative du lobby mondial pour la conservation Humane Society International, a qualifié les enchères de « profondément préoccupantes et douteuses ». Selon elle, « la chasse n'est ni un outil efficace d'atténuation à long terme des éléphants humains ni une méthode de contrôle des populations », a-t-elle expliqué à l'AFP.

Ross Harvey, économiste de l'environnement en Afrique du Sud, a déclaré à la BBC : « Il n'y a aucune preuve scientifique pour étayer l'idée qu'il y a trop d'éléphants.» « Nous savons que le nombre d'éléphants au Botswana n'a en fait pas augmenté au cours des cinq dernières années, nous avons une population stable. Les éléphants sont essentiels à l'écologie du Botswana.»

Crédit photo: Shutterstock/kavram/ Troupeau d'éléphants adultes et oursons traversant une rivière en eau profonde dans le Parc de Chobe au Botswana

Pour rappel, le prédécesseur du président Mokgweetsi Masisi, Ian Khama, avait introduit l'interdiction en 2014 pour inverser le déclin de la population d'animaux sauvages. Le Botswana abrite environ 135.000 éléphants en liberté, soit un tiers de leur population africaine connue. La plupart d'entre eux vivent dans le parc national de Chobe, dans le nord du pays.

Source : AFP

Au sujet de l'auteur : Salmane S

Journaliste