Mort de Robert Badinter, abolitionniste de la peine de mort, à l'âge de 95 ans

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Robert Badinter, ancien ministre de la Justice et fervent défenseur de l’abolition de la peine de mort, est décédé dans la nuit du 8 au 9 février. Il avait 95 ans !

C’est sa collaboratrice Aude Napoli qui a annoncé la nouvelle ce vendredi 9 février. Robert Badinter est décédé cette nuit à l’âge de 95 ans. Juriste, avocat et ministre de la Justice sous la présidence de François Mitterrand, Robert Badinter fut celui qui défendit devant le Parlement l’abolition de la peine de mort en septembre 1981.

La loi abolissant la peine de mort est promulguée le 9 octobre 1981 tandis qu’elle s’inscrira dans la Constitution par le Parlement bien plus tard, le 19 février 2007, soit 26 ans après. C’est donc un pan de l’histoire de la Vème république qui s’est éteint !

Sur les réseaux sociaux, les hommages fleurissent pour la figure politique et humaniste que représentait Robert Badinter. Le président de la République Emmanuel Macron a salué “une figure du siècle, une conscience républicaine et l’esprit français” qu’incarnaient l’ancien ministre de la Justice.

Né en 1928 à Paris, il n’a que 14 ans lorsque son père est arrêté par la Gestapo à Lyon. Il meurt en déportation dans le camp de concentration de Sobibor, en Pologne, alors que sa famille est réfugiée en Savoie.

Après la guerre, il poursuit des études en droit et obtient un doctorat. Débute alors une prestigieuse carrière à l’heure où il cofonde son propre cabinet d'avocats d'affaires avec Jean-Denis Bredin. Robert Badinter se fait connaître en défendant des personnalités, des grands noms de la presse ou de l’entreprise.

Robert Badinter contre la “haine justicière”

En 1972, il défend Roger Bontems mais ne parvient pas à lui éviter la peine de mort. Un tournant dans la carrière de juriste qui va se battre fermement contre l’idée même de la peine de mort. Il accepte de défendre notamment Patrick Henry, accusé d’avoir tué un garçon. Grâce à sa plaidoirie contre la peine de mort, il évite cette condamnation à son client, qui se contentera d’une peine à perpétuité.

Parmi ses autres célèbres affaires, Robert Badinter a notamment défendu le tennisman Jimmy Connors dans son conflit qui l’opposait à la fédération française de tennis. En 1983, il obtient l’extradition de Klaus Barbie de la part de la Bolivie, permettant la condamnation à perpétuité par la justice française du “boucher de Lyon”. En 2001, il se positionne aussi en faveur de la libération de Maurice Papon en raison de son âge avancé.

Outre son activité d’avocat et de ministre de la Justice, Robert Badinter a été président du Conseil constitutionnel entre 1986 et 1995. Il a aussi été sénateur des Hauts-de-Seine. Côté vie privée, il était l’époux d’Elisabeth Badinter, avec laquelle il a eu trois enfants.


Au sujet de l'auteur : Jérémy Birien

Journaliste, rédacteur en chef