Red Dead Redemption II : 10 références du jeu de Rockstar à des films cultes

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Avec à son actif huit ans de développement, un budget estimé à huit cents millions de dollars, et un total de trois mille personnes qui ont travaillé dessus, Red Dead Redemption II est un véritable colosse.

Ce mastodonte signé Rockstar Games, société également connue pour ses Grand Theft Auto, est un bijou d’immersion qui, comme toute bonne suite, sublime et approfondit le titre qui le précède.

Sorti en 2018, Red Dead Redemption II a instantanément intégré le panthéon du jeu vidéo notamment grâce à sa narration, ses dialogues, son ambiance, son univers vaste et vivant, son souci du détail, et son inoubliable protagoniste Arthur Morgan.

Se déroulant en 1899, avant le premier Red Dead Redemption, dans un Ouest sauvage en passe de se civiliser, ce deuxième volet multiplie les références historiques et littéraires, tout comme les clins d’œil au 7e art.

Capture d'écran Red Dead Redemption II
Avant lui, le premier opus de la saga Red Dead, le Red Dead Revolver de 2004, rendait hommage à de très nombreux westerns, reprenant même des musiques provenant de classiques du genre. Le morceau utilisé dans son introduction, « Lo Chiamavano King » de Luis Bacalov, écrit pour le film du même nom, a même été choisi huit ans après par Quentin Tarantino dans son long-métrage Django Unchained !

Le premier Red Dead Redemption, sorti en 2010, compte lui aussi d’innombrables inspirations et références bienvenues. Évidemment, dans la grande tradition de Rockstar Games, son immense suite ne fait pas exception à la règle !

Découvrez 10 références cinématographiques parmi des dizaines et des dizaines, plus ou moins évidentes, dans Red Dead Redemption II ! Les aviez-vous déjà toutes repérées ?

Les Huit Salopards

Capture d'écran Red Dead Redemption II

Un blizzard épais, un froid glacial, un chalet perdu dans la montagne, seul abri apparent dans un climat hostile… Le décor est posé. Mais quelle est l’image qui vous vient en tête ? Celle de l’introduction de Red Dead Redemption II, ou une scène des Huit Salopards ?

Dans tous les cas, la ressemblance entre l’ambiance du film de Tarantino et celle du jeu de Rockstar Games dans ses premiers instants est frappante, et ne saurait être anodine aux yeux des cinéphiles, d’autant que Red Dead Redemption II a été annoncé moins d’un an après la sortie du fabuleux western en huis clos !

The Revenant

Capture d'écran Red Dead Redemption II
Dans la première partie du jeu, Hosea vous propose de l’accompagner pour une partie de chasse en forêt. Tout se passe pour le mieux, jusqu’au moment où un grizzly surgit et se met à s’en prendre violemment à Arthur, le plaquant au sol et tentant de l’écharper dans un passage terrifiant rappelant furieusement The Revenant d'Alejandro González Iñárritu.

Ce film, qui a enfin permis à Leonardo DiCaprio de remporter un Oscar, comporte une scène extrêmement célèbre dans laquelle son protagoniste, Hugh Glass, est sauvagement attaqué par un ours qu’il parvient, comme Arthur Morgan, à tuer non sans peine.

Pour l’anecdote, il était déjà possible de traquer des ours dans le premier Red Dead Redemption. En tuer dix dans la version française du jeu permettait de remporter le trophée/succès « Bonne nuit les petits », en référence, bien sûr, à la célèbre série pour enfants avec Nounours, Nicolas, Pimprenelle, et le marchand de sable. Deux salles, deux ambiances !

Apocalypse Now

Capture d'écran Red Dead Redemption II
Attention, spoilers en vue si vous n’avez pas terminé Red Dead Redemption II !

Le charismatique Dutch van der Linde, leader du gang dont font partie John Marston, Arthur Morgan, et bien d’autres personnages, perd progressivement la tête au fil de Red Dead Redemption II, pour finalement devenir celui que les joueurs ont pu découvrir en 2010 avec Red Dead Redemption premier du nom.

Le point de non-retour de la folie grandissante de Dutch semble être atteint lorsque lui, Arthur, Micah, Javier, et Bill échouent sur l’île tropicale de Guarma après le braquage raté d’une banque. Ce dernier a causé la mort de deux membres de la bande, Lenny et Hosea.

Dutch, qui perd complètement pied, étrangle sans raison une femme sous les yeux médusés d’Arthur. De là, il ne cessera de prendre des décisions déraisonnables, provocant finalement l’éclatement de sa « famille ».

Capture d'écran Red Dead Redemption II

Dutch van der Linde peut rappeler à de nombreux égards le personnage du Colonel Kurtz d’Apocalypse Now, interprété par Marlon Brando. Tous deux sont des figures fortes, des leaders naturels, charismatiques, aux allures de gourous, qui ont perdu la raison et provoquent finalement le chaos autour d’eux.

Petit détail supplémentaire : le roman de Joseph Conrad intitulé Au cœur des ténèbres, matériau à l’origine du film de Francis Ford Coppola et contenant déjà le personnage de Kurtz, est paru en 1899, année au cours de laquelle se déroule la majeure partie des évènements de Red Dead Redemption II.

Difficile de parler d’une simple coïncidence !

Django Unchained


Capture d'écran Red Dead Redemption II

Si l’on vous demandait quelle est la première scène à laquelle vous pensez lorsque l’on vous parle de Django Unchained, que répondriez-vous ? Il y a de fortes chances pour que le premier passage qui vous vienne en tête soit la fusillade dans le manoir Candie, point d’orgue du film de Quentin Tarantino !

L’un des affrontements les plus épiques de Red Dead Redemption II évoque très fortement ce gunfight, puisqu’il prend lieu dans un manoir à l’esthétique typique du sud des États-Unis de l’époque, et ressemblant à s’y méprendre à la demeure du personnage joué par Leonardo DiCaprio dans Django Unchained.

Les joueurs n’auraient pas été surpris d’entendre du 2Pac lors de cette phase !

L’Inspecteur Harry

Capture d'écran Red Dead Redemption II

Dans le troisième opus de la trilogie Retour vers le Futur, Marty McFly, en visite au Far West et ne souhaitant pas que sa véritable identité soit révélée, se cache derrière un pseudonyme raillé par ses interlocuteurs. Il affirme en effet s’appeler « Clint Eastwood », clin d’œil direct à l'incontournable acteur et réalisateur rendu célèbre par ses rôles dans des westerns.

Dans Red Dead Redemption II, les personnages principaux ont également recours, tout au long, de l’aventure à des pseudonymes référentiels pour dissimuler leurs vrais noms. John Marston fait par exemple usage de l’alias « Rip Van Winkle » en référence au héros d’une nouvelle de Washington Irving, plus tard transposé sur le grand écran, tandis qu’Arthur Morgan prétend se nommer « Arthur Callahan ».

« Callahan » est le nom du mythique inspecteur campé par Clint Eastwood dans les films L’Inspecteur Harry (ou Dirty Harry, en VO).

Connaissant Rockstar, c’est tout sauf une coïncidence !

Il était une fois dans l’Ouest

Capture d'écran Red Dead Redemption II
Lorsque l’on parle de western, les noms de Sergio Leone et Ennio Morricone fusent dans les esprits. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les compositeurs de Red Dead Redemption II leur ont rendu un très bel hommage !

Au tout début du jeu, alors qu’Arthur et Micah, bien cachés dans le blizzard, surveillent à distance Dutch, en train de discuter avec des inconnus, la situation finit par échapper à tout contrôle. Micah découvre un cadavre caché sous une bâche, probablement assassiné par les hommes à qui s’adresse Dutch.

Ni une, ni deux, le joueur, contrôlant Arthur, saisit son arme et tire sur les hommes suspects. S’ensuit alors le premier gunfight du jeu, on ne peut plus intense.

Capture d'écran Red Dead Redemption II
Cette intensité provient en grande partie de la musique qui survient au moment précis où le joueur appuie sur la touche de tir, donc à la seconde où Arthur presse la détente de son revolver et tire le tout premier coup de feu de l’aventure. Quiconque a joué à Red Dead Redemption II se souvient nécessairement de cette séquence, et surtout de la musique.

Celle-ci fait directement écho au légendaire thème « L'uomo dell'armonica », composé par le regretté Ennio Morricone, pour le non moins mythique Il était une fois dans l’Ouest, réalisé par Sergio Leone. Un morceau qui ne manque jamais de susciter des frissons, et rappelle de très grands moments de cinéma.  

Dans son ensemble, la musique de Red Dead Redemption II s’éloigne de l’œuvre musicale de Morricone, mais le fait que le morceau utilisé pour la toute première séquence d’action du jeu y fasse à ce point penser ne peut que suggérer un hommage appuyé et bienvenu.

Assurément l’un des plus beaux moments de jeu vidéo de la décennie 2010-2020 !

There Will Be Blood

Miramax Films / Paramount Vantage

Porté par l’immense Daniel Day-Lewis, le long-métrage de Paul Thomas Anderson comprend une scène marquante, d’ailleurs reprise sur l’affiche du film, dans laquelle un puits de pétrole prend feu.

Red Dead Redemption II fait une référence directe à cette image dans l’une de ses missions principales, avec une installation pétrolière qui s’enflamme tout à coup, dans un déluge pyrotechnique pour le moins effrayant.

Capture d'écran Red Dead Redemption II

Si vous pensez qu’il ne s’agit que d’un hasard, gardez en tête que l’une des zones de la carte de Red Dead Redemption I et II s’appelle Plainview, tout comme le personnage principal de There Will Be Blood, Daniel Plainview.

Et que trouve-t-on dans cette zone ? Du matériel d'exploitation pétrolière !

Rambo 3

Capture d'écran Red Dead Redemption II

Dans l’un des passages les plus intenses du jeu, Arthur Morgan est fait prisonnier par Colm O’Driscoll et ses hommes, lesquels le passent à tabac avant de lui tirer dessus. Torturé dans une cave, notre héros finit par se libérer de ses liens, et essaie de s’évader.

Mais avant cela, il retire, avec une lime, la balle logée dans son épaule, et extrait la poudre d'une cartouche posée sur une table juste à côté de lui. Il la dépose ensuite sur sa blessure avant de la cautériser avec une bougie pour éviter qu’elle ne s’infecte.

Carolco Pictures / TriStar

Cette phase est directement reprise du troisième film Rambo, dans lequel Sylvester Stallone se soigne d’une manière similaire.

Touché par une balle, Rambo l’extrait de son corps, rompt la douille avec son couteau, verse de la poudre sur sa plaie, avant d’enflammer une branche qu’il plaque douloureusement sur le point d’impact.

Une méthode ancestrale ?

La Horde Sauvage

Rockstar Games aime rendre hommage au 7e art par le biais de sa ludothèque, ce n’est un secret pour personne. Rockstar Games également prendre tout le monde à revers, faire des surprises, et jouer avec le mystère. Cela ne relève pas non plus de la découverte.

Avec Red Dead Redemption II, Rockstar Games a su faire les deux en même temps avant même que nous ayons pu voir à quoi ressemblait le jeu !

Rockstar Games

Le 16 octobre 2016, la célébrissime société a posté sur Twitter une image de son logo sur fond rouge. Les gamers du monde entier furent saisis de convulsions, excités par ce simple tweet qui ne pouvait signifier qu’une seule chose : Red Dead Redemption II était en route.

Cette spéculation fut confirmée le lendemain avec un nouveau visuel posté sur Twitter : une illustration de sept personnages armés marchant avec un soleil crépusculaire dans le dos. La machine était lancée, il n’y avait plus le moindre doute.

Beaucoup virent dans cette image une référence aux 7 Mercenaires… mais elle évoque une autre affiche de western, celle de La Horde Sauvage de Sam Peckinpah !

Warner Bros.

Le jeu de couleurs des deux posters (du rouge, du noir, du jaune) est très similaire, tout comme ce qui est dépeint. Sur le poster de La Horde Sauvage, les personnages marchent armés vers le soleil couchant.

Sur celui de Red Dead Redemption II, les personnages vont dans le sens inverse. La ressemblance entre les deux images crève les yeux, et tient de tout sauf du hasard !

Dès son annonce, Red Dead Redemption II rendait déjà hommage aux classiques du western, ce qui ne pouvait augurer que du bon pour les cinéphiles.

Impitoyable

Capture d'écran Red Dead Redemption II
Auréolé de quatre Oscars amplement mérités dont celui du meilleur film et du meilleur réalisateur pour Clint Eastwood, le crépusculaire Impitoyable peut être considéré comme le western ultime grâce à ce qu'il raconte.

Permettant, en quelque sorte, à Clint Eastwood de tirer un trait sur son passé fermement attaché à ce genre cinématographique, le film tient un propos extrêmement intéressant sur l’héroïsme au Far West, et par extension sur les protagonistes de films d’action hollywoodiens, suggérant que les exploits des grandes figures courageuses sont très surfaits, pour ne pas dire complètement inventés.

Cette idée, en plus d’être véhiculée dans le film par le biais des personnages interprétés par Clint Eastwood, Morgan Freeman, Gene Hackman et Jaimz Voolvett, l’est aussi par ceux d’English Bob et Monsieur Beauchamp, respectivement joués par Richard Harris et Saul Rubinek. Ce sont ces deux derniers qui nous intéressent particulièrement dans le cadre de notre comparaison avec Red Dead Redemption II.

Capture d'écran Red Dead Redemption II

Dans Impitoyable, W. W. Beauchamp suit partout un certain English Bob, prétendue légende de l’Ouest, afin d’écrire sa biographie, destinée à immortaliser ses prouesses de fine gâchette. La suite du film va cependant poser un sérieux doute quant à la véracité de ses exploits passés, au grand dam de l’écrivain.

Dans une quête annexe faisant directement référence à ces personnages, l’auteur Theodore Levin accompagne le pistolero de légende Jim « Boy » Calloway dans le but d’écrire un livre à son sujet.

Le biographe charge alors le protagoniste, Arthur Morgan, de retrouver d’autres héros de l’Ouest sauvage qui ont croisé Calloway afin de recueillir leurs propos à son sujet, toujours en pensant qu’ils seront glorieux.

Capture d'écran Red Dead Redemption II

La suite des évènements pousse Arthur à vaincre en duel la majeure partie de ces légendes vivantes, avant de ramener à Calloway son rival historique, Slim Grant. Ce dernier est assassiné d’une balle dans le dos par Calloway, sous les yeux d’Arthur qui relève ironiquement la lâcheté dont ce soi-disant héros a fait preuve… et ce, probablement, toute sa vie.

Dans un accès d’orgueil, il défie notre héros qui le vainc en combat singulier, à la loyale. Le biographe de Calloway, Thedore Levin, comprend que son héroïsme présumé n’a jamais été qu’un mirage, que la plupart des hommes ayant vécu par les armes et vécu assez longtemps pour raconter leurs prouesses se sont très certainement battu sans honneur.

Capture d'écran Red Dead Redemption II
Toutefois, parce qu’il estime que le monde a besoin de vrais héros, Levin décide de maquiller la vérité, faisant croire que les légendes de l’Ouest tuées par Arthur l’ont été par Jim « Boy » Calloway, lequel a été, dans sa version, vaincu par une balle dans le dos bassement tirée par son rival de toujours.

Pour apporter une fin proprement glorieuse à cette histoire montée de toutes pièces, Levin écrit que l’assassin inventé de Calloway est lui-même mort de ses blessures, préalablement infligées par « Boy ». Calloway serait donc tombé non sans avoir, malgré tout, terrassé son adversaire de toujours.

Le joueur, comme Arthur, constate que les récits glorieux sont rarement fidèles à la réalité, tordus par les témoins, et qu’il ne faut surtout pas les prendre pour argent comptant.

Plus tard dans le jeu, il est dit que le jeune Jack Marston, fasciné par les héros, lit un livre narrant la légende de Jim « Boy » Calloway… Une légende dont le joueur sait qu'elle repose entièrement sur des mensonges.

Capture d'écran Red Dead Redemption II

Nous pouvons par ailleurs ajouter que les décors d’Impitoyable et ceux de Red Dead Redemption II sont très similaires, tout particulièrement les villes de Strawberry et Valentine qui ont une fibre esthétique résolument proche de celle de la cité dépeinte dans le long-métrage de Clint Eastwood.

Difficile d’en vouloir à Rockstar Games d’avoir tenu à honorer de la sorte un tel chef-d’œuvre !

Capture d'écran Red Dead Redemption II
Richissime, d’une densité et d’une profondeur inouïes, Red Dead Redemption II contient une infinité d’autres trésors référentiels que l’on ne peut que vous inviter à découvrir par vous-même !


Au sujet de l'auteur : Hugo Nikolov

Journaliste