Un jeune homme, atteint d'un cancer, a été contraint de payer deux sièges supplémentaires à bord d'un avion, en raison de sa maladie. Sa famille crie à l'injustice.
C'est une (mauvaise) publicité dont Easyjet se serait bien passée.
La célèbre compagnie aérienne à bas coût se retrouve au cœur d'une polémique après avoir fait payer 2 sièges supplémentaires aller-retour à un jeune passager de 15 ans souffrant d'un cancer. En raison de sa maladie, cet adolescent, prénommé Matéis, ne parvenait pas à plier sa jambe et occupait donc deux places dans l'avion.
Sa famille, originaire des Hauts-de-France, dénonce aujourd'hui cette surfacturation qu'elle considère comme injuste.
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Son cancer l'empêche de s'asseoir correctement, il doit payer 2 sièges dans un avion
Valérie Deschamps, mère de Matéis, a fait part de sa colère face à cette situation, au micro de France 3.
Il y a un an, la vie de son fils - et la sienne par la même occasion - a été chamboulée par l'annonce de ce cancer pédiatrique. Depuis, les journées de Matéis sont rythmées par les soins médicaux. Un quotidien épuisant et pas toujours facile à vivre pour l'adolescent, dont la santé s'est considérablement dégradée ces dernières semaines.
Alors pour lui changer les idées, sa mère décide, il y a deux mois, de planifier quelques jours de vacances en août à Chypre, en sa compagnie, mais aussi celle de son autre fils, le frère de Matéis. Hélas, entre-temps, l'état de santé du jeune homme ne s'améliore pas et sa jambe se retrouve immobilisée en extension.
« Je voudrais qu'ils se retrouvent les frères et que moi, je puisse profiter de mes deux enfants. (...) Ce séjour, c'est un sacrifice financier aux vues de ma situation de mère célibataire qui accompagne un ado gravement malade » (Valérie Deschamps)
Déterminée à faire ce séjour coûte que coûte avec ses enfants, la mère de famille contacte alors Easyjet pour préciser la situation de Matéis et connaître ainsi la marche à suivre. À sa grande surprise, la compagnie lui impose de payer deux sièges supplémentaires (aller-retour) afin que l'adolescent puisse prendre place dans l'appareil, avec sa jambe tendue. Une surfacturation qui s'élève à 217 euros.
Malgré le tarif exorbitant et son budget retreint, Valérie accepte à contre-cœur. Sur son reçu est alors inscrit « broken leg » (« jambe cassée »).
Après en avoir discuté autour d'elle, auprès notamment de professionnels de la santé, la mère de famille se rend bien compte que la compagnie aérienne a manqué d'humanité. Valérie décide donc de contester en exigeant un remboursement. Malheureusement, en dépit de ses réclamations, elle n'a pas réussi à obtenir gain de cause.
Elle est toutefois épaulée dans sa démarche par l'association « Grandir sans cancer pour la Somme », dirigée par la docteure Elise Quillent, qui dénonce cette situation ubuesque.
« Très naïvement, elle a payé. Et puis en discutant avec son chirurgien pédiatrique et puis de l'oncologue, ils lui ont dit : 'mais vous rendez compte, c'est particulièrement discriminant. Contactez les associations !' Alors, elle a pensé à nous parce qu'on intervient régulièrement au sein de ce service de pédiatrie. Et j'avoue que moi, quand j'ai appris ça, j'étais effarée. Enfin, humainement, comment on peut demander ça ? » (Dr Elise Quillent)
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L'association a également contacté EasyJet pour demander un remboursement, mais la demande a été rejetée.
« En clair, on nous a dit que c'était comme ça et pas autrement, raconte-t-elle. Symboliquement, c'est absolument inhumain. À mon sens, c'est discriminatoire ! Selon quel principe est-ce que la jambe d'un enfant atteint d'un cancer et en situation de handicap, coûterait 217 € ? Franchement, là, on hallucine ! » (Dr Elise Quillent)
Contactée par France 3, EasyJet a finalement reconnu qu'il s'agissait d'une « erreur humaine », tout en précisant que « le service clientèle (était) actuellement en contact avec Mme Deschamps pour s'excuser et procéder au remboursement des sièges supplémentaires avant la date prévue du vol ».
À l'heure où nous écrivons ces quelques lignes, on ignore toutefois si la famille a d'ores et déjà été remboursée.