Des enfants, conçus dans toute l'Europe à l'aide d'un seul donneur de sperme, ont développé des cancers en raison d'un gène porté par leur géniteur.
C'est un cas qui soulève beaucoup d'interrogations.
Un donneur de sperme, à l'origine de très nombreuses naissances sur le Vieux continent, a, hélas, transmis un gène malade à tous les enfants conçus grâce à sa semence. Certains de ces derniers ont même développé des cancers mortels.
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Quand des enfants développent des cancers à cause d'un... donneur de sperme
Rendue publique à l'occasion de la Conférence annuelle de la Société européenne de génétique humaine (ESHG), organisée à Milan (Italie), cette épineuse affaire inquiète les experts. Il faut dire que leurs craintes sont légitimes car il est encore trop tôt pour estimer le nombre de familles touchées. Près d'une cinquantaine de ces dernières ont d'ores et déjà été identifiées. Toutes ont bénéficié de dons provenant d'un donneur anonyme de la Banque européenne de sperme, une clinique privée située à Copenhague, au Danemark.
Ce donneur, dont la semence circule depuis 2008, était malheureusement porteur d'une rare mutation du gène TP53, susceptible de provoquer des cancers. Celle-ci n'ayant jamais été détectée au préalable. Ce lourd héritage génétique a ensuite été transmis à 10 enfants (au moins) qui ont développé une leucémie ou un lymphome non-hodgkinien. On sait par ailleurs que 13 autres enfants, venus au monde grâce à ces dons, sont aujourd'hui porteurs de cette prédisposition génétique au cancer, que l'on appelle syndrome de Li-Fraumeni,
Au total, le sperme de ce donneur aurait été utilisé pour assister la procréation de 67 enfants de 46 familles, disséminées dans toute l’Europe. Des recherches sont d'ailleurs menées actuellement pour tenter d'identifier d’autres enfants porteurs.
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Ce cas si particulier a été présenté à l'ESHG par la docteure Edwige Kasper, qui s'y est intéressée après avoir été contactée par des parents ayant eu recours au fameux donneur « incriminé ». Membre du CHU de Rouen, cette biologiste française milite aujourd'hui pour que le don de sperme soit davantage contrôlé en amont. Comme elle, de nombreux spécialistes souhaitent ainsi la mise en place d'une meilleure régulation afin notamment de limiter les risques de maladies héréditaires. Une vigilance accrue qui aurait très certainement permis d'éviter la transmission du syndrome de Li-Fraumeni.
Edwige Kasper exhorte également les familles françaises, qui souhaitent une procréation médicalement assistée, à réaliser leur parcours en France, « où le don est volontaire, anonyme et gratuit ». La procédure serait en effet « beaucoup plus sûre », selon elle, dans le pays car les autorités françaises limitent l'utilisation du sperme des donneurs à 10 naissances maximum.
À titre de comparaison, chaque semence récoltée par les banques privées, comme celle de Copenhague, peut être utilisée par... 75 familles, et ce, partout dans le monde.