En Haute-Vienne, le chantier d’un tronçon routier de 6,5 kilomètres rencontre une opposition de plus en plus grandissante, notamment à cause du coût exorbitant qui s’élève à 132 millions d’euros.
Il s’agirait de la route “la plus chère de France” ! Pour ses opposants, il s’agirait de la “plus inutile” comme le clame Vincent Laroche, porte-parole de l’association Terre de liens, auprès de Ouest-France.
En Haute-Vienne, un projet de tronçon routier au nord de Limoges provoque une vive contestation locale en raison de potentielles conséquences environnementales et d’un coût important. Ce nouveau tronçon routier de 6,5 kilomètres, sous la forme d’une voie 2x2, doit être construit entre les communes de Couzeix et de Nieul pour désengorger la RN 147. Une route très fréquentée qui relie l’agglomération de Limoges à Poitiers et l’A10.
Cependant, les sacrifices financiers et environnementaux semblent trop importants pour une route si courte. En effet, le coût du chantier est estimé à 132 millions d’euros, soit plus de 20 millions d’euros du kilomètre. Si on est loin des 2 milliards d’euros qui ont façonné la route littorale de La Réunion, sur 4,5 km, qui est officiellement la route la plus chère du monde, on reste nettement au-dessus du prix moyen d’un km d’autoroute, estimé à 7 millions d’euros.
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Vice-président en charge des routes au Conseil départemental de la Haute-Vienne, Stéphane Destruhaut ne peut que constater ce montant exorbitant.
« C’est évidemment totalement indépendant de notre volonté. C’est un dossier d’aménagement qui a été décidé depuis plusieurs années, sur lequel les élus et les acteurs politiques se sont engagés. Et on critique tellement aujourd’hui les élus qui ne tiennent pas leurs engagements, que là, on viendrait nous le reprocher. »
En plus du coût, c'est également l'impact environnemental qui est pointé du doigt. Cet été, une enquête publique a rendu un avis défavorable au chantier, ce qui n'a pas empêché la préfecture de valider l’autorisation du nouveau tracé tandis que le tribunal administratif de Limoges, saisi en référé, a récemment confirmé la légalité du projet.
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Enjeux sécuritaires et écologiques
Pour Vincent Laroche, cette validation administratif est une hérésie au regard des risques environnementaux.
« Si on raisonne en termes d’émissions de CO2, il faudra plus de vingt ans pour les amortir. Et le déboisement, qui a déjà débuté, pourrait toucher plus de 20 000 arbres, sans compter les impacts sur une dizaine de ruisseaux. Les chasseurs disent que si la route se fait, ils peuvent dissoudre leur association. Pour les agriculteurs, huit fermes seront impactées, trois coupées en deux et donc une activité économique détruite. »
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En réponse, le département a promis des « mesures compensatoires » et un argument sur les émissions des poids lourds qui est loin de convaincre les opposants. Pour les responsables du projet, l’objectif est avant tout sécuritaire :
« C’est simplement pour éviter des morts. Ça ne me semble pas inintéressant comme motivation. »
Argument irrecevable pour l’association Terre de liens qui indique « qu’aucun accident mortel n’a été constaté au cours des cinq dernières années ».
En réponse, plusieurs recours judiciaires ont été engagés par les collectifs limousins qui pourraient, s’ils sont jugés recevables, geler le chantier. Une manifestation est, par ailleurs, prévue le 14 décembre.
