Au Japon, la recrudescence record d’attaques d’ours a poussé les autorités à multiplier les abattages. Désormais, elles encouragent à la consommation de la viande de plantigrade, qui apparaît de plus en plus sur la carte des restaurants.
En 2025, les attaques d’ours au Japon ont déjà occasionné 13 décès. Un bilan deux fois supérieur au record de l’année précédente, alors qu’il reste encore quatre mois d’ici la fin de l’exercice nippon qui s’achève fin mars. Un phénomène qui s’explique par la forte croissance de population d’ours, couplée à une pénurie de nourriture et le dépeuplement humain de certaines régions.
Les ours bruns ne vivent qu'à Hokkaido, où leur population a doublé en l'espace de trois décennies pour dépasser 11.500 individus en 2023. Les ours noirs sont, eux, communs dans une grande partie du pays.
Face à cette recrudescence d’attaques de plantigrades, les autorités ont décidé de sévir. Ainsi, Tokyo a déployé des militaires et des unités de policiers anti-émeutes. Le nombre de 9 100 ours tués sur l'année 2023-2024 a déjà été dépassé en six mois.
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Mais l'an dernier, le gouvernement a ajouté les ours à la liste des animaux soumis à un contrôle démographique, revenant sur une protection qui avait favorisé leur prolifération. La région prévoit d'en abattre 1 200 par an durant la prochaine décennie.
En abattant les ours, qui peuvent peser une demi-tonne et courir plus vite qu'un homme, les autorités espèrent endiguer la menace dans certaines régions du nord du Japon.
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Recycler un "nuisible" en commerce de bouche
Cependant, une grande partie de la chair des ours abattus est souvent perdue, notamment à cause du manque d'installations agréées pour sa transformation. Le Japon compte 826 abattoirs spécialisés dans le gibier, mais seulement quelques-uns dans les départements du nord les plus touchés par les attaques.
Dès lors, plutôt que d’enterrer les corps, les autorités japonaises encouragent les restaurateurs à cuisiner de la viande d’ours.
« Nous utilisons quelque chose qui, autrement, serait enterré comme un déchet. »
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Parallèlement, les autorités espèrent que la viande pourra devenir une source de revenus pour les villages ruraux.
« Il est important de transformer ces nuisibles en quelque chose de positif »
Les autorités locales recevront 100 millions d'euros pour contrôler les populations d'ours et promouvoir une consommation « durable ».
Vouée à être démocratisée, la viande d’ours attire de plus en plus d’adeptes et de curieux souhaitant la goûter. Et visiblement, elle semble faire l’unanimité sur l’aspect gustatif. Les clients évoquent une viande “juteuse et savoureuse”. Et la demande ne cesse d’augmenter.
