Ce vendredi 26 septembre à Nice, un procès pas comme les autres s’est ouvert puisqu’il s’apprête à trancher sur le sort d’un escroc qui aurait arnaqué Dany Boon de près de 7 millions d’euros. Retour sur une affaire rocambolesque.
Thierry Fialek-Birles n’a pas laissé planer les doutes sur sa culpabilité. Déjà condamné pour escroquerie en 2019, il a reconnu les faits dès l'ouverture de son procès devant le tribunal correctionnel de Nice, ce vendredi 26 septembre.
Il est enfin jugé pour fraude, blanchiment et usage de faux, après trois ans de cavale qui se sont terminés lors de son arrestation au Panama en 2024. Et son procès prend une dimension médiatique particulière puisque sa victime n’est autre que Dany Boon, qu’on ne présente plus. Le réalisateur et acteur n’est d’ailleurs pas présent au procès, représenté par son avocat.
Selon l’accusation, Dany Boon s’est fait voler près de 7 millions d’euros par cet homme, âgé d’une trentaine d’années, qui se faisait passer pour un aristocrate franco-irlandais. Ce dernier se présentait comme issu d’une famille noble irlandaise, affirmant que ses parents étaient décédés dans un crash d’hélicoptère, qu’il était diplômé d’Oxford ou encore que son épouse était conseillère du prince Albert de Monaco.
Crédit photo : Alexis Jumeau / Abaca Press
Une histoire de yacht
Mais comment en est-il venu à escroquer Dany Boon ? En septembre 2020, Dany Boon projette l'acquisition d'un bateau de plaisance alors en construction à Cap d'Ail. L'acteur français avait confié à l'escroc la gestion d'un voilier, par l'intermédiaire du skipper Marc Pajot, qui devait lui être livré en 2021.
Au début de l'année 2021, l'homme s'est présenté comme un lord irlandais, costume trois-pièces et chapeau mou, rosace à la boutonnière, skipper et membre du Royal Cork Yacht Club, avec une page Wikipedia le décrivant également comme propriétaire terrien et planteur jamaïcain.
Crédit photo : Thierry Birles
En mars 2021, il a assuré à Dany Boon mettre en place "une solution légale, efficace et discrète" et a créé une société pour la gestion du yacht de l'acteur, qui verse 2,2 millions d'euros pour financer la fin de l'acquisition et l'entretien du voilier, mais aussi une assurance souscrite auprès d'une société fictive aux Îles Samoa. En juillet 2021, Dany Boon va également verser 4,5 millions d’euros supplémentaires pour un supposé placement auprès de la Banque Centrale d’Irlande, avec intérêt garanti.
Seulement voilà, l’acteur ne verra jamais le retour sur investissement. En novembre 2021, l’escroc lui informe avoir vendu sa société à une famille italienne. Dany Boon, estimant n'avoir pas la même relation de confiance avec le repreneur (qui s’est avéré finalement fictif), réclame le rapatriement de ses fonds. Et là, c’est le silence radio.
Des fonds vaporisés autour du monde
Après avoir fait appel à des détectives privés, il découvre que le fameux Thierry Birles a plusieurs passeports, des sociétés écrans basées aux Samoa et des comptes bancaires jusqu’en Corée du Sud. Il finit par se faire interpeller par Interpol au Panama en février 2024 et est extradé vers la France.
Au procès, l’arnaqueur révèle que les fonds ont disparu, partis vers des comptes à Monaco ou Singapour ou des achats de produits de luxe pour plus de 400.000 euros. Il a assuré qu'ils sont désormais au Panama ou dans les îles du Pacifique, via "des structures complexes" et qu'il pourrait démêler pour dédommager les victimes s'il était remis en liberté.
Crédit photo : Alain Jocard / AFP
Dans sa version des faits, il explique également que Dany Boon cherchait une “optimisation fiscale”, ce que contestent fermement ses avocats.
"Ces insinuations sont mensongères. Dany Boon tient à réaffirmer qu'il a toujours agi dans le strict respect des lois et règlements, point qui n'est pas contesté par les autorités.”
Dans cette affaire, le prévenu encourt une peine maximale de 10 ans d'emprisonnement. En parallèle, il fait l'objet d'un mandat d'arrêt international émis par la justice monégasque, qui a engagé des poursuites pour blanchiment contre lui et son ex-épouse.