Un auteur japonais, travaillant sur un site spécialisé sur le cinéma, et son employeur comparaissent devant la justice nippone pour avoir divulgué la fin d’un film.
Au Japon, on ne plaisante pas avec les droits d’auteur, à tel point que raconter la fin d’un film peut coûter très cher. Généralement, lorsqu’un film s’apprête à sortir au cinéma, il fait l’objet de projections privées pour la presse, permettant aux journalistes de publier des critiques de l’oeuvre le jour de sa sortie. Or, entre la critique et le spoiler, il y a une limite à ne pas franchir.
Travaillant sur un site spécialisé dans les films et les mangas japonais, un auteur a pu aller voir en salle le film “Godzilla minus One”. Il s’agit d’une production japonaise avec un budget plutôt modeste qui avait rencontré un joli succès, jusqu’à Hollywood, avec un Oscar dans la catégorie des meilleurs effets spéciaux.
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Cependant, l’auteur n’a pas vraiment publié de critique mais plutôt un résumé du film, dévoilant ainsi toute l’intrigue jusqu’à son dénouement. Quelques heures après avoir vu le film, l’auteur avait raconté l’histoire en ligne, du début à la fin, en décrivant toutes les scènes importantes et même des dialogues.
Quelques mois plus tard, la police est venue l’interpeller chez lui dans une ville au nord de Tokyo. Il a été mis en examen et vient tout juste d’être jugé et condamné à une amende de 500 000 yens, c’est-à-dire presque 3 000 euros.
Une nouvelle loi pour protéger les droits d’auteur
Son employeur, qui dirigeait le site internet, est, lui, toujours en procès. Sa peine pourrait être plus lourde, car sa plateforme abritait des centaines de résumés de films et de mangas. Bien sûr, il gagnait de l’argent en vendant de la publicité sur le site. Il est accusé, comme le rédacteur, de ne pas avoir respecté la loi sur les droits d’auteur.
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Pourtant, au Japon, de nombreux sites internet proposent ce type de contenus. On les appelle les sites netabare, autrement dit les sites spoilers. Ils visent les spectateurs qui veulent connaître toutes les histoires en détail, mais qui ne veulent pas payer les billets d’entrée au cinéma, les abonnements télé ou les bandes dessinées à la librairie.
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Cependant, face à ce phénomène repéré par les producteurs de cinéma et les maisons d’éditions, une nouvelle loi a vu le jour. Maintenant, au Japon, la loi punit la reproduction non autorisée de "portions substantielles" d'œuvres, y compris ces transcriptions simplement textuelles. Les spoilers détaillés sont maintenant reconnus comme une "concurrence déloyale" qui diminue les ventes et sont donc interdits.