Le Figaro Étudiant a interrogé deux spécialistes de l’orthographe qui nous révèlent une faute de français que presque tout le monde commet. Cependant, elles soulignent des raisons plutôt évidentes à cette lacune.
En 2016, un étude menée par le Projet Voltaire indiquait qu’un CV avec des fautes d'orthographe avait trois fois plus de chances d’être rejeté par un recruteur en comparaison avec un CV dénué de toute faute d’orthographe. Une évidence quand on y pense car la maîtrise à l’écrit de la langue française reste un critère de sélection primordial.
Cependant, même avec un très bon niveau, n’importe qui peut être susceptible de commettre une faute d’orthographe car les règles du français sont tellement complexes qu’elles peuvent prêter à confusion. Malheureusement, force est de constater que le niveau global baisse comme l’a révélé un sondage réalisé par Opinion Way en début d’année.
En effet, selon ce sondage, 80% des Français estiment que le niveau d’orthographe s’est dégradé, notamment à cause de l’abandon progressive de l’écriture manuscrite. Parmi les autres raisons se trouvaient également la baisse de fréquence de lecture et l’utilisation du langage sms.
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Pour Sylvie Mulleret, formatrice en orthographe interrogée par Le Figaro Étudiant, ces lacunes grandissantes sont également liées à des lacunes au niveau de l’enseignement primaire :
“Les programmes du primaire ont été allégés, ce qui fait que les élèves n'étudient plus certains temps comme le passé simple ou le conditionnel et, à l'inverse, ils travaillent chaque année les mêmes temps grammaticaux : le passé composé, le présent, le futur. Bien sûr, cela dépend tout de même de l'enseignant"
D'accord avec les problèmes d'accords
Parmi ces lacunes, l’une d’entre elles est en réalité très courante. Il s’agit de la maîtrise des accords qui constituent un problème majeur dans l’orthographe, que ce soit avec les verbes, les adjectifs de couleur ou les accords en genre et en nombre.
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Un constat partagé par Sonia Lefebvre, également formatrice en orthographe, qui cite l’exemple de l’erreur d’accord avec l’expression “se faire avoir” qui est invariable. Parmi les fautes récurrentes, Sylvie Mulleret évoque également l’accord du nom “espèce” :
“On écrit toujours “une espèce” mais lorsque le nom qui suit espèce est masculin, les personnes ont toujours tendance à mettre au espèce au masculin”.
Les pièges récurrents de la langue française
Enfin, d’autres subtilités sont également piégeuses comme les mois de l’année, qui ne commencent pas par des majuscules, ou encore le mot “mille” qui est toujours invariable. Un autre exemple persistant est celui qui concerne l’expression “pallier quelque chose” :
“Tout le monde écrit ‘pallier à quelque chose’. Alors que pallier est un verbe qui appelle un COD, donc on pallie quelque chose”.
Cette erreur est expliquée par le fait que le sens de l’expression a pris une autre signification dans l’esprit des gens comme le souligne Christophe Benzitoun, enseignant-chercheur en linguistique française à l'université de Lorraine, toujours auprès du Figaro Étudiant :
“‘Pallier' ne signifie plus 'voiler' (couvrir d'un pallium) mais se rapproche de 'fournir un remède' et donc du verbe 'remédier'. Il est courant, dans les langues, que les verbes changent de complément."
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Afin de gommer ces lacunes, les deux expertes recommandent de travailler l’orthographe de manière ludique, afin de rendre l’enseignement de la matière plus captivant et intéressant. Par exemple, Sylvie Mulleret propose un jeu de l’oie de l’orthographe à ses élèves tandis que Sonia Lefebvre opte pour des quiz ou des escape game en ligne.